Maître du portrait, Jonathan Glazer ( Under the Skin , TIFF '13) a reçu le Grand Prix du Festival de Cannes cette année pour The Zone of Interest, adapté d'un roman éponyme de Martin Amis sorti en 2014. Le film se concentre sur la vie domestique d'Hedwig (Sandra Hüller, également présente au Festival dans Anatomy of a Fall ) et Rudolf Höss (Christian Friedel), bénéficiaires du lebensraum , dont la maison familiale - nichée entre des voies ferrées et des chambres à gaz - se trouve à deux pas d'Auschwitz, le tristement célèbre camp de concentration allemand situé en Pologne occupée, où Rudolf sert de commandant.

Vers les derniers jours de l'Holocauste, Hedwig est obsédée par sa propre survie, tandis que Rudolf est de plus en plus accablé par ses devoirs. Nous vivons dans le campement familial, avec en arrière-plan les voix fantomatiques des prisonniers étouffées par les réflexions quotidiennes du bourreau. À un moment donné, Hedwig et ses amis atroces plaisantent sur leurs nouveaux produits de luxe, reçus du Canada - le surnom des entrepôts où ces articles, après avoir été confisqués, étaient stockés - à la mort de leurs anciens voisins.

Tourné en extérieur, The Zone of Interest marie des actes de mal banals et manifestes à des rappels inoubliables de la résistance (il a été tourné en monochrome avec des caméras thermiques). Et alors que nous n'en pouvons plus, le film fait un clin d'œil écrasant à The Act of Killing de Joshua Oppenheimer (TIFF '12). Avec une musique envoûtante de Mica Levi et un tournage de Łukasz Żal ( Cold War , TIFF '18), ce film restera gravé dans votre mémoire toute votre vie, pour le meilleur et pour le pire.